Christine Demougeot, en votre qualité de directrice, vous êtes depuis huit ans présidente de l’association Usep de l’école Jean-Jaurès 1 de Brignoles. Avant toute chose, pouvez-vous présenter cette AS en quelques mots ?
L’AS Usep compte plus de 190 élèves licenciés, tous en cycle 2 et 3, sur les 346 que compte l’école (1). Les plus motivés se retrouvent également chaque jeudi à la pause déjeuner pour animer l’association qui, au-delà de la pratique physique et sportive, est au cœur de la vie de l’école. L’AS participe également à la vie de notre commune, Brignoles, ville de 16 000 habitants située au centre du département du Var, à une cinquantaine de kilomètres de Toulon.
Invitée à présenter votre association à l’université de rentrée de la Ligue de l’enseignement, mi-septembre, vous avez surpris en revendiquant un prix élevé de la licence…
À l’Usep, on veut parfois que tous les enfants soient licenciés. Nous préférons pour notre part un fonctionnement vraiment associatif, où les enfants et leur famille savent pourquoi ils adhèrent. Ainsi, si à l’Usep du Var le coût de la licence enfant est de 8,80 €, il est ici de 15 € et cela ne pose aucun problème, car l’offre de rencontres et d’activités hors temps scolaire est importante et diversifiée. La différence de prix permet aussi d’offrir cette licence aux parents et aux enseignants (8 sur 16) qui s’impliquent dans la vie de l’association : c’est là une reconnaissance de leur investissement. Parallèlement, les rencontres Usep en temps scolaire sont proposées à l’ensemble des élèves de l’école, couverts par l’assurance complémentaire Apac, ce qui permet alors de mobiliser toutes les classes dans un projet commun de pratiques sportives et citoyennes.
Le hors temps scolaire est néanmoins prépondérant…
Notre conception de l’Usep est celle d’offrir une pratique sportive hors temps scolaire fédératrice. Ces rencontres sont organisées le plus souvent en interne, car avec près de 200 licenciés c’est déjà toute une affaire ! Le hors temps scolaire offre aussi plus de souplesse et de liberté, ce qui nous a permis de proposer des initiations à la spéléologie, à l’escalade ou à la pêche avec les comités départementaux, ainsi que des rencontres orientation, des sorties vélo, ou encore d’organiser un raid sportif… Pour l’encadrement, nous faisons appel aux parents d’élèves, de plus en plus nombreux à s’impliquer.
À ces rencontres internes s’ajoutent celles que nous organisons avec les AS des écoles voisines de Tourves, Correns, Méounes et de l’Itep de Châteauvert (qui accueille des enfants en situation de handicap), très dynamiques elles aussi.
Comment avez-vous adapté le fonctionnement de l'AS aux nouveaux rythmes scolaires et au mercredi matin travaillé ?
Nous organisons désormais la plupart des rencontres le vendredi après-midi, profitant du fait que la ville de Brignoles a concentré les trois heures d’activités périscolaires sur ce créneau. À Brignoles, ces temps d’activités périscolaires (Tap) sont payants et réunissent peu d’enfants : en 2015-2016, seuls 40 des 346 élèves de notre école y participaient. Parallèlement, près de 200 d’entre eux participent aux rencontres Usep hors temps scolaire du vendredi après-midi (2). Certes, nous aurions aussi pu investir les Tap. Mais nous n’avons pas souhaité devenir prestataires de service, au détriment de nos licenciés. Car nous n’aurions plus eu ni le temps, ni l’énergie, d’animer l’association et d’organiser nos rencontres…
La mairie ne voit-elle pas ces rencontres comme une concurrence ?
Non. Nous sommes au contraire un partenaire actif du projet éducatif de territoire (PEdT), et nous collaborons avec les services jeunesse de la commune. La mairie met à notre disposition des infrastructures pour nos rencontres et, parfois, des employés territoriaux (Étaps) pour l’encadrement d’activités comme l’escalade, le tir à l’arc et le kayak lors de notre « RAID » de fin d’année.
Comment fonctionne le « club enfants » qui anime la vie associative ?
Ce club enfants réunit 28 élèves, tous les jeudis midis : membres actifs de l’association, ils animent la vie associative, mettent en ligne des informations sur le blog, organisent les rencontres et les événements, etc. Ce club enfants compte aussi des représentants élus : Istvana, présidente ; Estelle, vice-présidente ; Carla, secrétaire ; Eden, vice-secrétaire ; Mélina, trésorière ; et Morgane, vice-trésorière. Son pendant, le club parents, se réunit le même jour, en début d’après-midi. Il est essentiellement composé de mamans, mais un papa s’est aussi engagé à se libérer les vendredis après-midi pour encadrer les rencontres. L’une des mamans s’occupe du blog avec les enfants, une autre de projets solidaires, une autre du Pass Livre (qui consiste à déposer des ouvrages dans différents endroits), une autre de l’administratif, etc. Tous ces parents sont membres du bureau de l’association et occupent des fonctions autrefois assumées par des enseignants (3).
Quelle rôle l’association joue-t-elle dans l’école ?
L’AS Usep occupe une place centrale dans la vie de l’école : elle organise la kermesse annuelle, la tombola – dont le fruit est réparti entre l’AS Usep et l’OCCE (4) pour les sorties –, les rencontres sportives et bien sûr la grande AG Usep ! Mais l’association existe aussi pleinement aux yeux de l’extérieur. Elle a même contribué à changer l’image de l’école, devenue un partenaire à part entière de la municipalité. Les enfants de l’Usep ont par exemple été les premiers à aller chanter à la cérémonie du 11 novembre, une initiative qui s’est diffusée depuis. L’AS participe aussi à des manifestations comme les Virades de l’espoir ou le Téléthon. Enfin dans le cadre de la politique de la ville, le préfet nous a nommés membres du conseil citoyen. Dans ce cadre, nous participons à des animations de quartier : course d’orientation, projets de cabanes à livres, de tournoi de pétanque…
Cela dépasse largement le cadre des activités sportives !
L’idée qui nous guide dans l’animation de l’association Usep par les élèves, c’est de les amener à se former à la citoyenneté, de leur faire vivre concrètement des valeurs de solidarité et de fraternité, afin que plus tard ils puissent s’impliquer dans la vie associative. Nous sommes aussi très fiers de la mixité sociale de notre association et du cheminement de son fonctionnement : nous sommes en effet passés du statut de simple « consommatrice » de rencontres organisées par l’Usep du Var à celui de partenaire du comité départemental et de la vie locale. À l’école, comme à l’extérieur de celle-ci, que ce soit dans les familles, à la mairie ou à la Ligue de l’enseignement, c’est la voix des enfants et leurs potentiels que l’on découvre.
Propos recueillis par Philippe Brenot
(1) Ce à quoi il faut ajouter 54 élèves de l’école mitoyenne Jean-Jaurès 2, désormais intégrée à sa voisine avec ses deux adultes animateurs, qui se sentaient « un peu seuls ».
(2) Quatre par période de sept semaines de vacances à vacances : deux en cycle 2, deux en cycle 3.
(3) Avec Édith, vice-présidente, Karine et Sandrine, secrétaire et vice-secrétaire, et Zoltane, vice-trésorière.
(4) Office central de coopération à l’école.
