Usep en jeu - 6 : Décembre 2016

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5-article-1-Coubertin-en-peinture.jpg Quoi de commun entre le sport scolaire Usep et les conceptions du baron Pierre de Coubertin ? (Musée olympique, Lausanne)
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Usep et olympisme

Quelles valeurs en partage ?

Pourquoi l’Usep soutient-elle la candidature de Paris 2024 ? Et comment impliquer les écoliers dans l’Année de l’olympisme décrétée par l’Éducation nationale sans rien céder sur les valeurs, quand le sport d’élite incarné par les JO n’est pas absent de dérives ?

Fédération sportive scolaire, l’Usep soutient la candidature de Paris pour les Jeux olympiques de 2024 pour deux raisons principales.

D’une part, en tant que membre du comité national olympique et sportif français (CNOSF), l’Usep se doit d’en être partenaire et d’accompagner tout le projet sportif qui la sous-tend.

D’autre part, placée sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale, elle est impliquée dans l’Année de l’olympisme de l’école à l’université : une opération lancée officiellement mi-septembre lors de la Journée du sport scolaire, qui avait justement pour thème « l’École s’engage pour Paris 2024 ».

Cet engagement sera tenu. Pour autant, notre mouvement ne peut s’exonérer d’une analyse critique de ce à quoi il va apporter sa caution.


Dimension commerciale


Sur notre site national, le slogan « l’Usep s’engage pour l’année de l’Olympisme à l’école » est accompagné de photos d’enfants présentés comme les futurs « acteurs » des Jeux de 2024. Et, s’ils seront encore un peu jeunes pour y tenir un rôle de premier plan, ils participent dès aujourd’hui au sport de masse d’où sortiront les champions de demain.

Le Comité international olympique (CIO) affiche par ailleurs depuis plusieurs années le souhait de faire entrer les « valeurs de l’Olympisme » dans le système éducatif. Des valeurs que l’on peut identifier comme le sens de l’effort, la loyauté, le don de soi, dans le désintéressement et le respect de l’adversaire.

Mais ces valeurs n’ont-elles pas un goût suranné ? Sont-elles vraiment le reflet de ce que sont aujourd’hui les Jeux olympiques ? Comment parler par exemple de désintéressement quand les athlètes les plus connus, et donc les plus monnayables, sont héroïsés par les médias et couverts de dollars par les annonceurs publicitaires ? Dans le même temps, tous les quatre ans, des disciplines sortent brièvement de l’anonymat grâce aux Jeux, tandis qu’un très grand nombre d’athlètes vivent très modestement, sans même penser aux hypothétiques récompenses accordées par leur pays en cas de médaille. Pour eux, l’idéal olympique garde toute sa signification.

Sans nier la dimension commerciale des Jeux olympiques, ils ne se résument pas à cela. De même, on peut dénoncer le dopage qui fausse plus d’un podium sans jeter l’opprobre sur la majorité des athlètes, doublement victimes de cette atteinte à l’égalité des chances.


Quel lien établir ?


La principale question, pour un enseignant ou un animateur Usep, est la suivante : quel lien peut-il établir, d’une part entre la compétition olympique et nos rencontres sportives, d’autre part entre les valeurs de l’Olympisme et celles que véhicule l’Usep ?

Interrogé en 2010 sur le sujet dans notre revue (1), l’historien Patrick Clastres observait que « le modèle olympique est un modèle de séparation des garçons et des filles, des valides et des athlètes handisports, avec la seule performance pour mètre-étalon ». Or, à l’Usep, nous cherchons à faire exactement le contraire : la mixité est l’âme de rencontres que nous voulons par ailleurs au maximum « inclusives », en permettant à des enfants en situation de handicap de vivre celles-ci comme et avec leurs camarades valides.

À Rio l’été dernier, les Jeux « Paralympiques » étaient bien distincts des Jeux « Olympiques ». On se félicitera toutefois qu’après avoir été un temps menacés par les problèmes financiers du Brésil, grâce à des places bradées et une couverture média renforcée, ils ont eu un vrai retentissement. Tout en souhaitant que, rompant avec un certain conservatisme, l’Olympisme fasse davantage sienne la notion d’inclusion…


Idéal de paix


Quand, en 1894, Pierre de Coubertin « rénove » les Jeux Olympiques de l’Antiquité pour créer les Jeux Olympiques modernes, il a pour ambition de régénérer la jeunesse par la pratique physique. Il souhaite aussi diffuser l’idée de paix entre les peuples et faire reculer la guerre, dans un contexte de fortes tensions diplomatiques en Europe. Aujourd’hui, cette ambition demeure et a même pris une nouvelle dimension dans le contexte de la mondialisation. Même si, rappelait Patrick Clastres, « en dehors de son pacifisme libéral et universaliste », Coubertin « n’est nullement un progressiste » et si, « dans son esprit, il s’agit avant tout de compétitions entre athlètes mâles et occidentaux ».

Les Jeux Olympiques sont l’unique manifestation multisports où se rencontrent des hommes et des femmes de tous les pays, sans autre restriction que celle que certaines nations s’imposent à elles-mêmes par le jeu du boycott (2). Or les enfants sont particulièrement sensibles à cet universalisme hérité de Coubertin, tout comme ils le sont à la symbolique des anneaux de couleur représentant les cinq continents, ou au défilé des athlètes derrière leur drapeau lors de la cérémonie d’ouverture. La diversité des peuples et des cultures mariée au sentiment d’appartenir à une même communauté humaine : n’est-ce pas là un matériau de première main pour un éducateur ?

Enfin, last but not least, la diversité des disciplines figurant au programme olympique fait directement écho au caractère multisports de la pratique Usep. Et donc à notre vocation de faire découvrir aux enfants de nos associations une palette d’activités sportives la plus large possible.


Christian Boutron, vice-président de l’Usep chargé de la vie sportive et de la vie associative


(1) En Jeu 434, mars 2010 : « Patrick Clastres, quel olympisme enseigner à l’école ? » Lire l'interview

(2) Ou bien le subissent pour avoir cautionné ou favorisé le dopage de leurs athlètes, comme la Russie, exclue de certaines compétitions lors des Jeux de Rio.

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