Usep en jeu - 6 : Décembre 2016

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5-article-2-olympisme-paralympique-Archives-Allier-second-choix.jpg Initiation au basket-fauteuil lors d’une journée olympique. (Usep Allier / archives En Jeu)
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Les JO, sujet en or pour un débat Remue-méninges.(Usep Calvados / Usep en jeu)

« La médaille ne fait pas le champion ! »

« Les sportifs qui participent aux Jeux olympiques sont-ils tous des champions ? » « Faut-il forcément gagner une médaille pour en être un ? » « Y a-t-il des épreuves plus difficiles que les autres ? »

Telles étaient les trois questions posées aux élèves de CE1 de l’école de Saint-Manvieu-Norrey (Calvados) pour amorcer un débat Remue-Méninges, lors de la classe de découverte Usep « citoyenneté et vivre ensemble » à laquelle ils participaient en novembre. « J’ai été surprise par leur réceptivité à un thème qui, à la différence des deux autres débats organisés avec eux (1), ne faisait pas appel à leurs propres ressentis ou leur expérience personnelle », confie leur enseignante, Gwenaëlle Olive.

Ce qui est ressorti, c’est que l’on peut être un champion sans forcément monter sur le podium, ni même « aller si loin » que le Brésil : « D’abord on est champion de jeu. Et après on peut avoir des médailles en bronze, en argent ou en or », a par exemple précisé l’un des enfants. En revanche, tous se sont accordés sur le fait qu’il faut « beaucoup s’entraîner », et aussi « être aidé ». Quant aux épreuves les plus difficiles, ce sont celles où il faut « courir longtemps », et le « trampoline » !

« Nombre d’enfants avaient en mémoire les images des Jeux de Rio, et ont spontanément parlé de Teddy Riner, de la cérémonie d’ouverture et de la flamme olympique. Cela a favorisé leur expression, car ils reliaient les questions posées à quelque chose de concret pour eux » estime l’enseignante. Ph.B.

(1) « Fait-on toujours ce que l’on veut ? » et « Comment se sent-on quand on se trompe ? »

Retour En avant

Convergences et divergences

Notre démarche éducative

En quoi la démarche éducative de l’Usep peut-elle s’accorder avec la mise en spectacle du sport de compétition qu’incarnent les Jeux Olympiques ?

Déjà, en octobre 2003, l’Usep s’interrogeait sur l’Olympisme dans un supplément à notre revue En Jeu. Le contexte s’y prêtait, un an avant les Jeux d’Athènes, et à la veille d’une année 2004 déclarée « Année européenne de l’éducation par le sport » et d’une semaine nationale de l’Usep placée en mars de cette année-là sous le thème : « Les valeurs de l’école, du sport et de l’olympisme ».

« Faire du sport autrement, c’est apprendre à transformer les énergies, s’imposer une discipline, adapter son geste aux autres, respecter les règles communes, acquérir des compétences individuelles et collectives, prôner un humanisme qui réconcilie le corps avec l’intelligence » pouvait-on lire dans ce cahier sur L’Usep et Olympisme (1) Car c’est en cela que l’objet de notre fédération et celui de l’Olympisme convergent, en conférant au sport une fonction éducative.

Fédération multisports, l’Usep fait découvrir des pratiques variées aux enfants, tout en les invitant à prendre des responsabilités associatives et à mieux connaître leur corps. C’est pourquoi, au-delà de la variété des disciplines qui nous rapproche, la pratique Usep n’est en rien calquée sur celle des Jeux Olympiques, où seuls les trois premiers sont récompensés par une médaille. D’ailleurs, la vraie devise des JO est bien « Plus vite, plus haut, plus fort » et non pas « L’important c’est de participer » (2).


Quelle compétition, quelles performances ?


Pour autant, à l’Usep aussi la compétition et la performance ont droit de cité. Cependant, on n’y célèbre pas la victoire en se vêtant d’un drapeau, on n’exalte pas le champion : on cherche au contraire à valoriser la participation de tous. Le plus souvent, un enfant qui participe à l’un de nos cross ne visera pas les lauriers du vainqueur mais cherchera à s’approcher au plus près d’un contrat-temps, choisi à l’issue d’un cycle d’apprentissage de la course en durée. Et si, afin de conserver les vertus de l’émulation, la performance individuelle de l’un est prise en compte, c’est généralement pour la fondre dans celle d’une équipe.

De la même façon, dans un sport collectif comme le rugby, plutôt que les victoires on peut choisir de comptabiliser lors d’un tournoi le nombre d’essais marqués par chaque équipe. Sans parler du fair-play, valorisé par des points de bonus en fonction des comportements des joueurs et de leurs encadrants.

Enfin, notre démarche d’inclusion des élèves en situation de handicap prolonge la sensibilisation au handicap, très souvent présentes sur nos rencontres, tout particulièrement lors d’usépiades ou d’olympiades…


Organisateur, arbitre et spectateur avisé


Par ailleurs, un Usépien n’est pas seulement athlète ou joueur. Il est aussi invité à tenir les « rôles sociaux » indispensables à tout événement sportif : organisateur, « maître du temps », juge, arbitre. C’est pourquoi nous nous efforçons d’apprendre en même temps aux enfants à pratiquer un sport et à en faire respecter les règles, car sans celles-ci il n’y a pas de jeu.

Derrière le poste de télévision, les enfants sont également des spectateurs assidus des Jeux Olympiques. C’est pourquoi l’Usep s’est donné comme objectif d’aider chaque enfant à devenir un spectateur avisé, apte à faire le tri parmi les comportements qu’il peut y observer. C’est pourquoi, lors de nos rencontres, la pratique sportive est volontiers prolongée ou associée à un temps de réflexion, sous la forme d’atelier « Remue-Méninges » : sur la santé, la mixité, le handicap ou le vivre-ensemble, et souvent aussi sur le sport et ses dérives, comme le dopage ou la « triche » en général. Car celle-ci, on le sait, n’est pas absente des Jeux Olympiques. Il n’y a qu’à voir le nombre de médaillés disqualifiés après coup pour dopage, sur la base de prélèvement parfois effectués des années plus tôt… Et qui n’a pas en mémoire les sérieux doutes exprimés à Rio par le Français Camille Lacour devant les performances d’un nageur chinois de retour de suspensions pour avoir pris des produits interdits ? (3)

Les invitations en tribune d’un stade ou d’une salle de sport – notamment dans le cadre d’un grand événement porté par une fédération olympique partenaire de l’Usep – sont aussi l’occasion, pour ces enfants « ambassadeurs » de l’Usep, d’observer le sport de haut niveau. Ils peuvent alors pointer d’éventuelles entorses à l’esprit sportif de la part des joueurs ou du public, mais aussi relever les comportements exemplaires et les marques de respect propres à chaque discipline : le salut des combattants au judo, la poignée de main avec son adversaire et l’arbitre au tennis, la haie d’honneur des vainqueurs aux perdants à la fin d’un match de rugby, le silence du public pour respecter la concentration du gymnaste, etc. Autant d’éléments qui donnent ensuite matière à discussion lors du débriefing de l’enseignant dans sa classe.


Miroir de notre société


La démarche éducative de l’Usep s’accorde donc tout à fait avec le soutien à la candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2024, en laquelle nous voyons un support éducatif et l’occasion de favoriser le vivre-ensemble.

Nous souhaitons aussi valoriser à travers celle-ci la pratique physique et sportive dès le plus jeune âge. Non pour former des champions, mais pour que chaque enfant puisse acquérir un capital-santé et conserver le goût de l’effort physique tout au long de sa vie.

Nous souhaitons enfin faire des enfants qui nous sont confiés des citoyens sportifs, aptes à opérer des choix personnels et à considérer de manière lucide toutes les facettes de l’immense événement sportif qui, tous les quatre ans, réunit la planète entière : ces Jeux Olympiques qui sont un formidable miroir des disciplines sportives et des émotions humaines, mais aussi de notre société.


Christian Boutron


(1) L'Usep et l'olympisme

(2) Composée de trois mots latins, « Citius, Altius, Fortius », cette devise a été proposée par Pierre de Coubertin à la création du comité international olympique en 1894 à la Sorbonne. La paternité en revient à Henri Didon, prêtre dominicain, proviseur du lycée Albert-le-Grand d’Arcueil. Quant à « L’essentiel n’est pas de gagner mais de participer », ce principe a été repris à son compte par le baron Pierre de Coubertin à la suite du sermon de Ethebert Talbot, évêque de Pennsylvanie, lors de la messe olympique des Jeux de Londres en 1908. Rappelant que « L'important, dans ces olympiades, c'est moins d'y gagner que d'y prendre part », l’ecclésiastique s’efforçait par ses paroles de calmer les récriminations de coureurs américains – ses compatriotes – à l’égard de décisions prises par un jury anglais…

(3) « Sung Yang, il pisse violet ! » avait lâché Camille Lacour au sujet du champion olympique du 200 mètres nage libre.


"La médaille ne fait pas le champion !"

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