150 enfants de 5 associations Usep de Guadeloupe se sont retrouvés le 10 juin à la Désirade pour une rencontre autour des jeux traditionnels (1).
La petite île de la Désirade, qui compte 1 600 habitants, a accueilli samedi 10 juin une rencontre Usep qui a réuni 150 enfants venus avec leurs cinq associations par bateau de la Guadeloupe, dont l’île dépend administrativement.
Cela fait une vingtaine d’année que la dernière rencontre hors temps scolaire figurant au calendrier départemental se déroule à la Désirade, sur le thème lui aussi désormais bien établi des jeux traditionnels. Mais celle-ci avait une dimension symbolique particulière puisque, faute d’implication de la part des enseignants nouvellement nommés, pour la première fois depuis longtemps l’association de l’île ne s’est pas affiliée en 2016-2017.
L’accueil des enfants à l’école par le maire en personne n’en a pris que plus de sens, tout comme le fait que la rencontre se déroule en plusieurs lieux : l’école et le square, le stade et la plage l’après-midi. Comme pour lui donner plus de visibilité.
Des enfants animateurs
Encadrés par une vingtaine d’adultes, les enfants avaient auparavant été préparés à occuper plusieurs rôles au cours de la journée. Ceux de l’association ASMR de Saint-Rose ont ainsi proposé à leurs pairs de pratiquer le « wou », adaptation créole du mot « roue » qui consiste en une course de pneus où l’on guide celui-ci avec deux bâtons, comme à Mayotte. Pendant ce temps, les Éclairs jaunes du Petit-Bourg présentaient à leurs camarades le « triyang », un jeu de billes exigeant de tracer au sol un triangle isocèle.
De leur côté, sous le préau, ceux de l’association Timoun Galleron du Moule initiaient une vingtaine d’autres enfants à la « pichine », adaptation caraïbe des osselets où ceux-ci sont remplacés par de petits galets ou des pierres. Un peu plus loin, c’était moins la dextérité que la réflexion et la stratégie qui étaient à l’honneur : le « timarèl », présenté par les Fougères du Petit-Bourg, consiste à aligner trois billes sur une sorte de petit échiquier à neuf trous.
Enfin, les enfants de la Puissance Sportive de Baie-Mahault s’étaient installés à l’ombre des arbres de la cour pour faire pratiquer le « ika ipaka », où l’on lance des boules en essayant de les faire entrer dans une caisse en bois percée de plusieurs ouvertures.
L’après-midi, ce fut au tour des adultes de prendre le rôle d’animateur pour faire découvrir aux enfants des jeux venus d’ailleurs : la « mala », d’origine marocaine, jeu de ballon sans contact où quatre équipes défendent leur but tout en s’efforçant elles-mêmes d’en marquer ; la « mère Garuche », venu de France hexagonale, et plus précisément de la Drôme ; ou encore le « batak kok », jeu d’affrontement réunionnais.
Construire la rencontre sportive-associative
L’après-midi s’est poursuivi par une « pêche miraculeuse » (où, canne à la main, les enfants devaient passer un anneau au goulot d’une bouteille) et de la pétanque, avant de rejoindre l’embarcadère de Beauséjour.
Sur le bateau du retour, l’un des enseignants expliquait avoir « trouvé de bonnes idées pour mieux gérer les récréations et varier les activités en EPS ». Et, en référence à la présentation des activités par les enfants eux-mêmes un autre soulignait : « C’est important d’insister sur l’apprentissage de la prise de parole en public. »
À l’échelle de la Guadeloupe, cette rencontre était aussi un laboratoire d’une rencontre sportive-associative encore en construction. À ce titre, elle nourrira notre réflexion sur la place de l’enfant dans le projet associatif Usep et, plus largement, dans le projet d’école.
Didier Chalcou
(1) Cet article a été rédigé avant le passage, courant septembre, des cyclones qui ont touché les Antilles.