À la fin de la saison 2015-2016, l’Usep comptait 753 908 licenciés enfants et 44 350 licenciés adultes, soit au total 798 258 adhérents : une stabilité quasi-parfaite (+0,17%) par rapport à une saison 2014-2015 qui, elle, avait été marquée par un repli sensible (-3,3%).
Cette baisse pouvait s’expliquer par les perturbations provoquées par la réforme des rythmes scolaires. Le mercredi matin travaillé est en effet venu bouleverser la mécanique bien huilée des rencontres organisées en ce traditionnel jour de congé scolaire. Nombre de comités Usep s’en sont retrouvés fragilisés. Mais d’autres ont trouvé dans cette nouvelle donne le moyen d’accroître leurs effectifs, parfois dans des proportions considérables.
Le surplace de la saison écoulée masque ainsi les hausses enregistrées sur la même période par le Gers (+53,07%), la Guadeloupe (+34,02 %), l’Orne (+24,54%) ou la Vendée (+19,06 %). Certes, ces performances doivent parfois être relativisées: malgré un beau +18,22%, l’Isère n’a pas encore retrouvé son étiage après un trou d’air de –28,3% en 2014-2015. Quant au remarquable +131% des Hauts-de-Seine (sur les seuls licenciés enfants), il s’explique aussi par la modestie des effectifs de départ et correspond précisément à un gain de 315 licenciés. Ce qui n’en est pas moins méritoire et permet d’espérer une vraie montée en puissance.
Temps et hors temps scolaire
Afin de disposer d'un peu plus de recul, l’Observatoire des pratiques de l’Usep a mis en évidence les dix départements dont les effectifs ont le plus augmenté depuis la rentrée 2014 et la généralisation des nouveaux rythmes. Par ordre alphabétique, la liste est la suivante : l’Aisne (+38%), l’Aube (+32%), l’Aude (+48%), le Calvados (+98%), la Corrèze (+33%), l’Eure (+39%), le Gers (+160%), la Haute-Marne (+88%), la Nièvre (+32%) et les Hauts-de-Seine (+169%).
L’Observatoire a ensuite croisé ces chiffres avec l’évolution du nombre de rencontres en temps et hors temps scolaire. On observe ainsi que, pour tous ces comités, la hausse des effectifs est corrélée à celle des rencontres en temps scolaire : une hausse qui va de 13 % dans l’Aude à 260 % dans l’Aisne (1). Dans le même temps, trois comités auparavant très présents hors temps scolaire ont nettement réduit ce volet de leurs activités : l’Aisne (-70%), le Calvados (-44%) et l’Aube (-32%). Cela est significatif d’une tendance plus générale.
Mais attention, ce système de « vases communicants » entre HTS et TS ne se retrouve pas partout. Le meilleur exemple est fourni par la Nièvre, qui en deux ans est passée de 9 à 22 rencontres hors temps scolaire, tout en portant parallèlement celui des rencontres en temps scolaire de 66 à 121 ! En tout cas, temps scolaire et hors temps scolaire confondus, tous ces comités ont accru leur offre de rencontres (2). Cela signifie qu’ils ont pris la mesure des nouveaux rythmes.
Deux tendances
Pour aller plus loin dans l’analyse, il convient toutefois de connaître chaque démarche de développement et les réalités locales qui la conditionnent. C’est pourquoi nous avons interrogé plusieurs de ces comités, ce qui a permis d'esquisser deux tendances.
La première réunit des comités départementaux qui n’ont pas changé fondamentalement leur mode de fonctionnement. En revanche, ils ont amélioré celui-ci, comme l’Aude. Ou bien ils ont assis leur développement sur l’élargissement de l’offre aux enfants de maternelle, comme la Corrèze. Quant à la Nièvre, elle cultive un « esprit Usep » auquel les enseignants sont sensibles. On soulignera par ailleurs que ces trois comités s'appuient tous sur une formation dynamique et travaillent en étroite collaboration avec les conseillers pédagogiques EPS. Ces trois exemples sont détaillés dans les pages suivantes.
La deuxième tendance rapproche des comités qui, bien souvent, étaient auparavant très présents sur le hors temps scolaire. Forcés de s’adapter, ils ont pris quelques libertés avec le principe usépien « une école, une association », en privilégiant les associations de secteur.
Ce faisant, ils ont donné un second souffle au sport scolaire Usep sur des territoires où il était parfois en voie de marginalisation. C’est le cas dans l’Aisne, en Haute-Marne et, dans une moindre mesure, dans le Calvados. Trois exemples qui posent les bases d’un débat de fond sur la forme et la vie de l'association. C’est pourquoi nous les analyserons en détail en juin prochain, dans la deuxième partie de ce dossier « Développer l’Usep ».
Philippe Brenot
(1) Seule exception, le Gers (- 57 %), où la forte hausse des effectifs était toutefois artificielle car liée à des questions purement administratives. (2) À l’exception de l’Aube (-6%) et du Gers, cas peu représentatif comme déjà mentionné ci-dessus.
