Denis Masseglia, parmi les onze élus du nouveau conseil d’administration du CNOSF que vous avez choisis pour vous entourer figure la présidente de l’Usep Véronique Moreira, nommée « vice-présidente en charge des relations avec l’Éducation nationale ». Quel sens donnez-vous à cette mission, qui n’existait pas lors de la précédente mandature ?
Précisons tout d’abord que ce bureau exécutif a été élargi, puisqu’il compte 12 personnes, contre 7 lors de la précédente mandature. Concernant cette mission, elle répond au souhait d’améliorer les relations entre le milieu associatif sportif, que représente le CNOSF, et la « grande maison » appelée ministère de l’Éducation nationale, dans le cadre de son projet éducatif.
Ensuite, au-delà des personnes, pourquoi avoir sollicité la présidente de l’Usep plutôt que, par exemple, le directeur national de l’UNSS, également membre du nouveau conseil d’administration ? Parce que l’Usep participe à la promotion de la pratique sportive auprès des enfants des écoles. Parce que la pratique sportive dans un club dès l’école est au cœur des préoccupations du projet Héritage développé dans le cadre de Paris 2024. Et enfin parce que Véronique Moreira est une élue associative, ce qui lui confère une plus grande liberté qu’au directeur de l’UNSS, nommé par le ministère. Mais j’ai proposé dans le même temps à Laurent Petrynka de présider une mission « jeunes horizon 2024 » qui sera davantage en lien avec la jeunesse et portera par exemple sur la formation des jeunes arbitres et l’accès aux responsabilités.
Quels ont été les termes de vos échanges avec Véronique Moreira sur le périmètre de cette mission ?
Nous avons beaucoup échangé, en particulier sur une question qui me tient à cœur : comment orienter vers la pratique sportive les jeunes d’âge scolaire, et en particulier les préadolescents, entre le CM2 et les deux premières années du collège ? Comment favoriser leur pratique sportive en général, mais aussi comment les sensibiliser à l’intérêt de pratiquer au sein d’un club ? Car il y a aujourd’hui un manque, une faiblesse dans l’organisation de nos institutions, alors que pour moi le sport scolaire doit être un tremplin vers la pratique fédérale.
Vous avez en effet toujours insisté sur la nécessité d’un lien plus étroit et plus naturel entre la pratique physique et sportive à l’école et le sport en club. Pourtant, ces deux univers demeurent éloignés : la différence de culture n’est-elle pas trop grande entre, d’une part, une pratique multisport privilégiant l’initiation et l’accessibilité à tous et, d’autre part, une pratique unisport ayant malgré tout la compétition pour finalité ?
Oui, je le constate, et le comprends. Mais, à mes yeux, le mot important est : éducation. Le ministère de l’Éducation nationale doit accepter qu’il n’en est pas le seul dépositaire. Je conçois évidemment que les notions d’enseignement, d’instruction ou d’acquisitions prédominent dans la mission de l’école envers les jeunes. Mais l’apprentissage de la vie en commun, de la règle, du respect d’autrui et de soi-même se fait aussi au sein d’un club sportif, tout comme cela s’apprend dans les rencontres Usep. De fait, le mouvement sportif participe à l’éducation des jeunes. C’est là qu’on ne se comprend pas bien. Ce sont ces barrières culturelles qu’il faut supprimer. Pas d’un coup de baguette magique, mais par l’expérimentation, l’exemple du terrain. Or je suis persuadé que Paris 2024 peut servir de déclic en permettant d’appréhender les choses différemment. Pourquoi les passerelles existent dans des pays étrangers et pas en France ? Pour avoir été président de club, je sais combien il est difficile de travailler avec l’école : un vrai parcours du combattant… Pourtant, à chaque rentrée de septembre nos clubs sont sollicités pour des forums des associations visant à recruter des jeunes ! C’est absurde, car la pratique sportive revêt un vrai intérêt pour les jeunes comme pour la société, tant sur le plan de l’éducation que de la santé, et l'on est face à un vrai blocage. C’est ce blocage que Paris 2024 peut nous aider à dépasser.
Et si Paris n’avait pas les Jeux ?
Ces derniers jours, la presse faisait écho des réflexions du CIO pour confier les Jeux olympiques de 2024 à Paris, et ceux de 2028 à sa concurrente Los Angeles. Je ne m’inscris pas dans une autre perspective.
Propos recueillis par Philippe Brenot
Un dernier mandat tourné vers Paris 2024 Le CNOSF, représentant du CIO et du mouvement sportif français