Jacques Ginestié, quel est pour le réseau national des Éspé l’objectif du partenariat noué avec l’Usep ?
Il s’inscrit tout d’abord dans un cadre général. Le projet des l’Éspés diffère de ce qui pouvait prévaloir du temps des IUFM : l’École supérieure du professorat et de l’éducation n’est pas une institution qui se pense seule mais qui se situe dans une dynamique de projets associant des partenaires. Parmi eux figurent les partenaires « de droit » que sont le rectorat et les universités de l’académie concernée, mais aussi les associations dédiées aux questions d’éducation, comme l’Usep. Initier au plan national des relations entre l’Usep et le réseau des Éspé doit ensuite permettre de travailleur ensemble dans chaque académie.
Vous avez souvent soulignez que la formation professionnelle des enseignants devait articuler théorie et pratique, stages à l’appui. Or l’Usep peut y contribuer de manière concrète…
C’est bien pourquoi nous signons cette convention. La loi de refondation de l’école conçoit l’école comme ouverte sur son environnement et à divers partenaires. Cela suppose de les intégrer dans la formation professionnelle, en particulier lors des périodes de stage de nos étudiants, qu’il s’agisse du stage en responsabilité ou de ceux effectués au préalable et qui sont autant d’occasions de travailler avec ce tissu associatif, dont l’Usep.
La convention pointe la transversalité que peut apporter l’Usep à partir de l’EPS, en abordant des thèmes comme la santé ou la citoyenneté ou en établissant un lien entre les disciplines scolaires…
Ce qui se joue aujourd’hui, c’est de construire plus de continuité et de lien entre les différents mondes de savoir. Nous sommes sortis du modèle du savoir scolaire, exclusif à l’école et coupé de ceux qui peuvent exister par ailleurs. Cette réflexion porte, à l’intérieur de l’école, sur des questions interdisciplinaires. Mais elle porte également, en relation avec son environnement, sur tout ce qui construit un citoyen.
Le stage permet aussi de mieux identifier l’action de l’Usep…
Bien sûr ! On ne peut donner à des étudiants des repères forts en se contentant de leur expliquer en cours : « Savez-vous qu’il existe une association, l’Usep, qui s’occupe d’activités sportives scolaires et périscolaires ? Quand vous serez prof, prenez contact avec eux… » Vous voyez bien l’inutilité de ce genre de formation ! Le temps de formation doit aussi être un temps de rencontre et de découverte concrète. J’ajoute que cela vaut aussi pour les étudiants qui échoueront au concours et ne deviendront pas enseignants. Rappelons en effet que le master « métiers de l’enseignement et de la formation » vise aussi à former des personnes susceptibles d’exercer dans des milieux associatifs et éducatifs en lien avec l’école, ou encore les collectivités locales. Plus elles partageront d’éléments de culture commune durant leur formation, plus on facilitera à l’avenir les relations entre l’école et son environnement.
Pour prendre l’exemple de l’Éspé d’Aix-Marseille, que vous dirigez, l’Usep est-elle déjà partenaire dans la formation des étudiants ?
Oui, mais pas encore suffisamment. Dans le cadre du tronc commun de formation, nous invitons des associations, dont l’Usep, à intervenir. Mais, pour être honnête, durant nos deux premières années de fonctionnement nous avons réglé en priorité les questions techniques afin de s’assurer que le modèle de formation mis en place fonctionnait. Cela a exigé de multiples ajustements : toutes les Éspé en sont à peu près là. Nous avons mis en place une « grosse machine », d’autant plus grosse qu’à Aix-Marseille nous sommes passés de 1500 étudiants à nos débuts à 3300 aujourd’hui : nous avons plus que doublé nos effectifs ! A présent, nous pouvons tabler sur des effectifs stables et une structure globale de la maquette de formation qui l’est également. Ce qui ne signifie pas qu’à l’intérieur de ces maquettes les contenus sont figés.
Justement, comment mieux intégrer le travail avec les associations et les partenaires de l’école ?
C’est ce à quoi il faut s’atteler à présent. Très concrètement, 3300 étudiants, cela correspond à 110 groupes de tronc commun. Or demandez à une association d’intervenir pour 110 groupes de tronc commun : elle s’y épuiserait et se verrait obligée d’abandonner ses activités ! Tout cela est à construire avec des contenus cohérents, et non pas avec une personne qui vient juste parler aux étudiants une heure durant. Ce n’est pas simple, mais avec de la bonne volonté on y arrivera.
Pour finir, vos étudiants connaissent-ils l’Usep ?
Je serai franc : ceux qui sont en EPS oui, les autres non. Tout au plus ont-ils de vagues souvenirs de sport scolaire où se confondent volontiers l’Usep, l’UNSS et le sport universitaire.
Propos recueillis par Philippe Brenot