C’est le refus d’exclure tout enfant d’une rencontre sportive en raison de ses singularités qui a motivé l’Usep à traduire de façon la plus concrète possible les principes énoncés par la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Nous avons tout d’abord pris l’initiative de convier différents acteurs associatifs à une table ronde. Puis un groupe de travail national s’est efforcé d’outiller nos comités, nos associations et leurs partenaires afin qu’ils soient en mesure de répondre aux obligations figurant dans cette loi. Ce travail a abouti en 2009 à la première « mallette sport scolaire et handicap ».
La mallette handicap, outil pédagogique
Cette « boite à outils » répondait à un double objectif.
Premièrement, accompagner à la mise en œuvre une démarche réflexive et adaptative, et non pas apporter des réponses préfabriquées, par nature inadaptées.
Deuxièmement, sensibiliser enfants et d’adultes, tout en mettant et notre réseau en capacité d’organiser la pratique sportive de tous les enfants de l’école, quels que soient leurs besoins spécifiques.
Cette mallette a été actualisée en 2014, notamment à la lumière d’une enquête qui montrait que, si notre réseau s’était emparé de cette question, comités et associations en restaient souvent au stade de la sensibilisation : « faire voir » et « faire vivre » des situations de handicap.
Nous avons donc voulu dépasser cette étape nécessaire de la sensibilisation en mettant en avant le concept d’inclusion, en opposition à celui d’intégration, plus restreint. Cela exigeait de formaliser une démarche précisant les préalables nécessaires à la prise en compte effective de tous les enfants sur les terrains de sport.
Au-delà du handicap
Aujourd’hui, nous sommes résolument engagés dans le développement et la mise en œuvre d’un processus d’inclusion. Car l’inclusion est bien un processus, à savoir une action dynamique, et non pas un état. Pour prendre une image, il n’est pas question d’être « inclus » dans une rencontre comme un insecte fossilisé dans l’ambre. Ce processus s’inscrit dans le temps et l’espace et dépasse largement la sensibilisation, qui relève de la seule prise de conscience, tout comme la notion de sport partagé relève de l’événementiel.
Ce processus d’inclusion suppose la prise en en considération de chaque individu et de ses singularités, au sein du groupe et au cœur de l’activité. En cela, le concept d’inclusion dépasse la question du handicap et des personnes en situation de handicap : il concerne tout un chacun.
En conséquence, à la différence de l’idée d’intégration, l’inclusion exige du système qu’il s’adapte afin que nul ne soit exclu. L’inclusion n’est donc pas une option, en réponse technique à un problème posé : elle est au cœur du projet de société humaniste que nous défendons. C’est pourquoi elle est aussi pour nous un élément du projet de l’école de la république : une école inclusive dans et pour une société inclusive.
Patrick Morel, vice-président de l’Usep chargé de la pédagogie et de la recherche
Les trois piliers de la rencontre inclusive «Inclusion» et «adaptation»