Usep en jeu - 10 : Octobre 2017

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« On veut améliorer l’outil ! »

Les enfants n’ont pas manqué de suggérer des évolutions techniques pour personnaliser leur espace et y faire entrer plus d’infos !

Autre sport
« On nous demande quels sports on pratique en nous proposant de choisir dans une liste, avec en plus la mention ″autre″. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de case pour écrire de quel autre sport il s’agit ! » Frustrant, en effet…

Case à renseigner
« On est obligé d’écrire quelque chose dans la rubrique ″ce que j’en pense″ : or cela me dérange car parfois je n’ai rien à dire. Alors j’ai l’impression de bâcler le travail… » Lorsque l’on explique que sur Internet il est fréquent de devoir absolument renseigner certaines cases pour être autorisé à poursuivre son cheminement sur une application, nombre d’enfants ne cachent pas leur étonnement. Peut-être parce qu’ils ne connaissent Internet que par les jeux qu’on y trouve… Mais d’autres comprennent parfaitement l’utilité d’une telle contrainte : « Si tu veux que ton p@rcours sportif soit intéressant, il faut le remplir avec sérieux » conclut en effet l’un de ses camarades.

Page personnalisée
« J’aimerais pouvoir personnaliser ma page en mettant en fond une image ou la photo de mon champion préféré. Et si on a un sport principal, qu’on aime beaucoup ou qu’on pratique en club, on devrait pouvoir accéder à des informations pour le connaître mieux, et aussi des infos‑conseils pour améliorer sa pratique physique. » Dixit un sportif en herbe, passionné et peut-être à l’aube d’une belle carrière…

Recueilli par S.R.

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Véronique Bury lors de la présentation du "p@rcours sportif" dans une classe du Loiret. (Usep Loiret)

Un p@rcours qui peine à prendre son envol

Élue nationale Usep, présidente du comité du Loiret et conseillère pédagogique EPS sur la circonscription de Beaugency, Véronique Bury est à l’initiative du p@rcours sportif de l’enfant. Elle fait le point sur un outil qui reste sous‑utilisé.

Véronique Bury, comment est née l’idée du p@rcours sportif de l’enfant ? Il trouve son origine dans la convention signée en septembre 2013 entre le ministère de l’Éducation nationale et le Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Ce texte mentionnait dans son article 3 la volonté de « formaliser le parcours sportifs de l’enfant », et les fédérations sportives scolaires y étaient mentionnées pour leur rôle d’interface entre le système éducatif et les autres fédérations sportives. Cette signature intervenait par ailleurs dans le contexte de la refondation. D’où l’idée de proposer à l’enfant de formaliser lui‑même, à travers un outil informatique, le lien entre ses différents apprentissages sportifs : en EPS, lors des temps d’activités périscolaires, en Usep, en club ou en famille. L’outil a été expérimenté dans des écoles de Beaugency et Saint‑Jean‑de‑Braye (Loiret), avant d’être proposé à tous à la rentrée 2014.


Le succès n’a pas été au rendez-vous…
Seules une vingtaine de classes sont entrées dans le p@rcours en 2014‑2015, dont sept en Loiret. Mes collègues enseignants y ont‑ils vu une charge de travail supplémentaire ? Pourtant, dans les classes où j’ai accompagné l’expérience en ma qualité de CPC, une heure a suffi pour que les enfants s’approprient l’outil. Ensuite, l’idée est d’y revenir de temps en temps, par exemple au lendemain d’une rencontre Usep.

Avez-vous identifié d’autres freins ?
L’intérêt manifesté par les communes s’est parfois heurté aux réticences des enseignants. À Beaugency, le projet s’est ainsi interrompu une année en raison de différents au plan local. Ailleurs, certains ont tiqué sur le fait que l’EPS et les activités périscolaires soient identifiées comme étant pratiquées toutes deux dans le cadre de l’école. Or le principe de départ était que la découverte de l’outil se fasse par l’intermédiaire de l’enseignant.

Avez-vous des idées pour le relancer ?
Nous étudions la façon de répondre aux des communes qui souhaiteraient systématiser le p@rcours sportif dans leurs écoles. C’est le cas de la ville d’Olivet (Loiret), qui voudrait l’intégrer dans le programme qu’elle développe dans le cadre du réseau des « Villes amies des enfants ». D’autres demandes émanent d’AS Usep animées par des parents d’élèves et ne vivant pas forcément à travers la classe. Le comité directeur national devait se prononcer sur de possibles adaptations. Enfin, comme cela est évoqué dans les articles précédents, il convient probablement de permettre une « personnalisation » de l’outil et d’offrir un « retour » aux enfants, sous une forme à étudier. Nous pourrions aussi animer la page, avec des icônes qui s’allument à chaque fois que l’enfant ajoute un jalon à son p@rcours. On peut aussi légitimement espérer que la priorité donnée par le ministère à l’école du numérique bénéficie à un outil qui répond aux compétences visées par le B2i et est déjà prêt à l’emploi.

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À SAINT-JEAN-DE-BRAYE (LOIRET)

Le p@rcours sportif mène à l’école du numérique

Dans le cadre de son projet éducatif de territoire (PEdT), la ville de Saint‑Jean‑de‑Braye, près d’Orléans, a développé une « école du numérique et du sport » autour du « p@rcours sportif de l’enfant » conçu par l’Usep. Un outil plébiscité par les principaux intéressés !

Une plateforme informatique personnalisée où chaque élève peut effectuer ses premiers pas sur Internet : c’est ainsi que les enseignants et les classes de Saint‑Jean‑de‑Braye (Loiret) qui l’ont expérimenté l’an passé voient le p@rcours sportif de l’enfant. Cet outil, imaginé par l’Usep à l’occasion de la réforme des rythmes pour matérialiser la continuité des apprentissages sportifs (de l’école au club en passant par les rencontres Usep), a ainsi été complètement adopté par la classe de CM1‑CM2 de l’école Anne‑Frank choisie comme « pilote » du projet au sein de l’établissement.


Identifiant et code d’accès

Le principe d’utilisation est simple : munis d’un identifiant et d’un code d’accès personnel, les enfants se connectent à leur espace personnel, via le site national de l’Usep. Ils peuvent ainsi renseigner et compléter eux‑mêmes leur page « p@rcours sportif » au fur et à mesure des expériences vécues à l’école, en temps périscolaire, lors des rencontres Usep ou le soir ou le week‑end pour ceux qui ont une pratique en club. Ils peuvent aussi faire état de leur pratique « en famille » ou de leur découverte du « spectacle sportif ». La confidentialité des informations est garantie, chaque enfant n’ayant accès qu’à sa propre page. En revanche, l’enseignant a accès à l’espace personnel de ses élèves puisque c’est lui‑même qui a adressé codes et identifiants aux webmasters du site national de l’Usep.


Ce jour-là, l’enseignante, Isabelle Carcanague, avait profité de notre visite pour organiser un atelier‑débat avec ses élèves. Premier constat : ils sont visiblement très investis car les réponses fusent sans qu’il soit besoin de beaucoup les solliciter. Pour eux, le sujet n’a rien d’abstrait, mais touche au contraire à leur vie quotidienne et à leurs aspirations. À l’âge où l’on commence à rêver d’avoir sa page Facebook comme un grand (il faut avoir 13 ans pour s’inscrire sur ce réseau social, même si certains trichent parfois sur leur date de naissance), rien de plus concret et de valorisant à leurs yeux que le fait de pouvoir disposer d’une page sur Internet, de surcroît avec le double assentiment des parents et de la maîtresse. Il s’agit en effet d’une page sécurisée. Elle n’en permet pas moins à l’élève de se poser un certain nombre de questions : que puis‑je inscrire ou non ? Toutes les données sont‑elles à renseigner obligatoirement ? Quelle est ma marge de liberté ?


Brevet informatique et Internet

Mais au fait, qu’est‑ce qu’Internet pour eux ? « Un gigantesque cerveau », s’accordent-ils à répondre. Et que pensent‑ils plus précisément de l’application p@rcours sportif ? « J’aimerais que cela dure toute la vie. » Que penser de cette vision à très long terme, formulée avec une certaine assurance ? Car il ne s’agit pas là d’une répartie à l’emporte‑pièce, mais d’une réponse mûrement réfléchie et qui résume un travail mené en classe autour du B2i, le brevet informatique et internet formalisé par l’Éducation nationale (dont l’utilisation encadrée du p@rcours sportif permet justement de valider nombre de compétences).


« Toute la vie » (1) ? La réponse interpelle aussi les concepteurs de l’application en ce qu’il est prévu qu’elle n’accompagne les enfants que durant une année scolaire. La déception se lit sur leur visage, eux qui se sont appropriés l’outil et qui n’imaginaient pas s’en trouver si tôt dépossédés…


Les adultes que nous sommes s’étonneront peut‑être aussi que, pour ces enfants, la question n’est déjà plus celle de laisser une trace imprimée sur papier de leurs apprentissages et de leurs performances, mais de les conserver sur un espace numérique. Pendant la récréation, l’enseignante nous confie d’ailleurs à ce sujet que les enfants ont souvent du mal à comprendre ce qu’est un espace sécurisé et ce qu’implique le renseignement de données personnelles.


Isabelle Carcanague estime d’ailleurs qu’il serait judicieux de fournir en fin d’année aux enfants un document papier, à savoir une « sortie imprimante » de leur p@rcours sportif : cela permettrait de ne pas perdre toutes les données soigneusement entrées semaine après semaine. Quelques minutes plus tôt, une fillette n’expliquait‑elle pas combien elle « s’amuse » à remplir absolument toutes les cases. C’est une bonne démarche ! Et l’on compte sur elle pour retranscrire fidèlement tout ce qu’elle aura appris durant l’atelier vélo proposé le soir même, dans le cadre d’un « cycle » d’apprentissage réunissant rudiments de mécanique, connaissance du code de la route, exercices de maniabilité et sortie en groupe sur la voie publique, avant de s’achever en apothéose par une rencontre Usep !


Espace personnalisé

Au-delà de son objet de départ – la mise en évidence de la continuité éducative et de la complémentarité des temps d’apprentissage dans le cadre des nouveaux rythmes –, l’engouement suscité auprès des cours moyens de l’école Anne‑Frank par le p@rcours sportif de l’enfant met en évidence l’aspiration de ceux‑ci à investir un espace numérique personnalisé et à profiter pleinement de la possibilité qu’il leur offre de se projeter dans le temps, voire même à l’échelle de toute une vie ! C’est bien pourquoi ils ont demandé lors du débat à pouvoir entrer davantage d’informations dans le cadre, trop restreint à leurs yeux, de l’application (lire par ailleurs) ! Ils voudraient aussi pouvoir personnaliser leur espace. La preuve que le p@rcours sportif les aide aussi à se construire non pas seulement en tant que jeune athlète, mais aussi en tant que personne.


Sandrine Robin, adjointe à la direction nationale de l’Usep


« On veut améliorer l’outil ! » Un p@rcours qui peine à prendre son envol

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