Pour faire le portrait d’un enseignant, observer sa classe. Ce jour-là, Christophe Charreire l’accompagnait sur une rencontre tennis Usep couplée à la découverte d’un tournoi professionnel, l’open d’Orléans. Ses élèves étaient les plus disciplinés : pas un bruit au moment de monter l’escalier conduisant aux tribunes, par respect pour la concentration des joueurs. Mais, lors des interruptions de jeu, il se faisait ensuite un plaisir de répondre dans le détail aux questions d’enfants particulièrement attentifs au spectacle qui se déroulait sous leurs yeux. Jusqu’à la séance d’autographes avec un champion brésilien après le match, surpris et amusés de ces grappes d’admirateurs…
En poste depuis 1979
De Christophe Charreire, on dira qu’il est un instituteur à l’ancienne. À 57 ans, les circonstances ont fait que toute sa carrière s’est déroulée dans la même école, à Fay-aux-Loges, 3500 habitants. Marquée par un double engagement auprès de l’Ufolep et de l’Usep, sa passion du sport est héritée de son père et de son oncle. Ce dernier, dont le gymnase local porte le nom, créa en 1937 la première association Ufolep à Fay. « Le club était aussi affilié à la Fédération française de basket-ball, qui à l’époque accueillait la pratique du cross » indique Christophe Charreire, histoire de situer dans le temps.
C’est cet oncle, Émile, qui en 1979 le présenta à la directrice de l’école de Fay. Tout jeune instituteur remplaçant sur un poste en « zone d’intervention localisée », il ne devait plus en bouger. Il s’agissait précisément d’un « poste avec œuvres » : à savoir des activités sportives périscolaires qu’il mena un temps de front avec ses fonctions d’entraîneur de basket au sein du club voisin de Saint-Denis-l’Hôtel.
Christophe Charreire est ainsi l’un des rares animateurs Usep actuels à avoir vécu la loi Avice de 1984 exigeant de donner un caractère juridique à l’association. « À Fay, l’AS a officiellement été déclarée en 1988, temps d’adaptation prévu par la loi », se souvient-il. Christophe Charreire exprime d’ailleurs une certaine nostalgie de ces années 80 et des rencontres de masse où il emmenait sa classe à vélo : « Après, il a fallu prendre le car. C’était plus cher, plus contraignant. On a perdu des rencontres, et aussi un peu d’ambiance. »
Vie locale
Avec lui, le sport scolaire reste néanmoins particulièrement dynamique dans une école dont, trop engagé par ailleurs, il n’a jamais souhaité devenir directeur. L’association compte 115 licenciés sur 265 enfants et est de la plupart des rencontres départementales Usep. Lui-même part chaque année en classe de voile.
Grand organisateur de rencontres Usep, il sait aussi s’adapter. Fini par exemple le grand événementiel « Le Tankikour », qui accueillait jusqu’à 32 classes et 800 enfants. « Depuis quatre ans, nous organisons le 21 mars une course en famille pour fêter le printemps : on y participe en duo (un jeune et un adulte), en trio ou en tribu. Cela se veut un vrai moment d’ouverture aux familles où les parents sont acteurs au côté des élèves » explique-t-il.
En outre, à son initiative l’association est complètement intégrée à la vie de la commune. Non seulement elle anime le vendredi après-midi des activités périscolaires, mais elle propose aussi depuis des années des stages sportifs pendant les périodes vacances. Des stages pour lesquels il faut adhérer à l’Usep… « En cela, l’AS tend à muter vers un office municipal des sports. Elle organise aussi des tournois de rugby ou de foot en partenariats avec d’autres acteurs locaux. Ce qui ne l’empêche pas de participer pleinement à notre dynamique départementale », observe le délégué Usep, Sylvain Barreau.
Un moderne ?
Finalement, à l’heure des PEdT et de la continuité souhaitée entre sport scolaire et sport en club, l’instituteur à l’ancienne est peut-être un moderne. Et sa façon de faire vivre aux enfants « l’éducation et la citoyenneté par le sport » apparait plus que jamais d’actualité en ces temps d’enseignement moral et civique. Ajoutons que Christophe Charreire est élu depuis 1984 au comité départemental de l’Ufolep, assurant ainsi le lien entre les deux fédérations de la Ligue de l’enseignement, et l’on ne s’étonnera pas qu’il se soit vu remettre l’an passé la médaille de la Jeunesse et des Sports pour l’ensemble de son œuvre.
Car au-delà de sa seule classe, le M. Usep de l’école de Fay-aux-Loges, entraine tout le monde dans sa passion.
Ph.B.