Ce fut l’un de ces moments de flottement où, pour plagier Lamartine, le temps suspend son vol. Une fois, deux fois, trois fois, le secrétaire général de l’Usep, Jacques Giffard, a demandé qui souhaitait s’exprimer sur le rapport moral, le rapport d’activité ou le rapport financier auparavant défendus en tribune. Mais, à chaque fois, aucun bras ne s’est levé, aucune parole n’est venue troubler un silence qui en devenait presque pesant. Le calme avant la tempête ? Non. Juste la façon inusitée choisie par les représentants des comités Usep, réunis dans le théâtre de Mende (1), pour signifier leur confiance et leur adhésion au projet porté par l’équipe dirigeante élue l’an passé à Arras. Sans doute fallait-il aussi entendre dans ce parfait silence la volonté de préserver un climat apaisé, plus en harmonie avec l’idée que l’Usep se fait elle-même et plus propice à son rayonnement, après de précédentes AG souvent tendues et conflictuelles (2).
Le résultat des votes leva toute ambiguïté, avec un rapport moral et un rapport financier respectivement approuvés avec 99,12 % et 99,19 % des suffrages exprimés. Aucun souci non plus pour le budget 2017 (93,27 %) et les tarifs statutaires (74,86 %).
Projet de mandature
Ces votes sont venus solder une année marquée par l’élaboration d’un projet de mandature dont Véronique Moreira a rappelé, dans son complément au rapport moral, qu’il était le fruit d’une « démarche collective et participative » et rentrait « en résonance » avec celui, « plus global », de la Ligue de l’enseignement.
La présidente a insisté sur l’importance pour l’Usep d’affirmer sa spécificité de mouvement associatif complémentaire de l’école qui, fort de ses « valeurs d’ouverture, de laïcité et de fraternité » contribue « à la formation de futurs citoyens bien dans leur corps et dans leur tête, émancipés et ouverts aux différences et aux autres ». Car c’est bien cette capacité à associer la pratique d’activités physiques et sportives et l’exercice d’une citoyenneté en actes qui constitue la « plus-value » des actions de l’Usep (3). Une plus-value que doit incarner la rencontre sportive-associative.
Fédérer
Véronique Moreira a ensuite abordé « franchement » et sans détours la question plus technique des contrats de développement, appelés à structurer les relations entre l’échelon national de l’Usep et les comités départementaux et régionaux : « Il ne s’agit pas une énième lubie du national mais bien de la volonté de partager des objectifs communs » et de considérer, « à chaque échelon du territoire », ces contrats comme les leviers d’un « développement coordonné ».
Sur le même registre, elle s’est félicitée de l’utilisation, désormais commune à quasiment tous les comités, d’un même logiciel (Webaffiligue) pour comptabiliser les effectifs de licenciés. Prochain défi : élargir ce recueil à la prise en compte des rencontres sportives ; des données « indispensables pour se faire reconnaître en tant que fédération sportive scolaire auprès de nos partenaires institutionnels ».
Le directeur national de l’Usep a ensuite enfoncé le clou dans un complément au rapport d’activité structuré autour de l’enjeu de « fédérer ». « Du ministère des Sports aux DDJCSPP (4), du cabinet de la ministre jusqu’à l’inspection de l’Éducation nationale, nous ne pouvons plus nous permettre de nous limiter à l’estimation du nombre de rencontres organisées, des activités proposées ou du nombre d’enfants, licenciés ou non, qui bénéficient de nos activités. Comme toute action en partie financée avec de l’argent public, il devient une nécessité de fournir des informations précises, chiffrées », a insisté Benoît Lasnier.
La salle se réveille !
Comme l’ensemble de l’équipe nationale, la présidente de l’Usep est bien consciente que devoir rentrer ces chiffres dans les cases d’un logiciel peut être perçu comme une « contrainte forte », sauf à « envisager celle-ci comme une occasion de valoriser localement l’action du comité, notamment dans le cadre de demandes de subventions auprès du CNDS » (Centre national de développement du sport). C’est d’ailleurs sur les contrats de développement et le recueil des données qu’ont porté la quasi-totalité des interpellations, parfois très vigoureuses, des représentants des comités. Ouf, la salle s’était enfin réveillée !
L’un des points les plus discutés fut le projet de valoriser cinq fois plus les rencontres hors temps scolaire (en forte diminution) que celles en temps scolaire. Quid alors de celles organisées sur toute la journée du mercredi ? Cette prise en compte sera « adaptée aux réalités de terrain » a promis Véronique Moreira. Autre engagement pris en clôture de l’assemblée générale : proposer un outil informatique de gestion qui évite la répétition des saisies et offre aux comités un retour directement utile sur leur propre situation.
Rendez-vous en octobre
Parmi les dossiers en cours, la présidente de l’Usep a également mentionné la recherche de pistes pour « créer de l’emploi » au niveau des nouvelles grandes régions, et la poursuite des négociations avec l’OCCE (Office central de coopération à l’école) afin de préciser le champ d’action de chacun. Deux dossiers qui seront au menu du rassemblement des président(e)s et délégué(e)s des 6 et 7 octobre.
Et, en attendant l’assemblée générale de Nevers 2018, les participants ont bien volontiers renoué avec la tradition de la photo de groupe, symbole d’unité retrouvée.
Philippe Brenot
(1) 90 départements étaient présents représentant 754 659 licenciés soit 94,54 % du mouvement. (2) Ce qui explique peut-être aussi qu’aucun « vœu » ou « question sur » n’aient été déposés par les comités départementaux en amont de l’AG. Par ailleurs, les quatre « questions à » adressées au comité directeur par la Loire-Atlantique, le Loiret, le Pas-de-Calais et le Val-d’Oise portaient sur des points techniques. (3) Lire en rubrique Pédagogie la façon dont le sport scolaire Usep participe du parcours santé et du parcours citoyen de l’élève. (4) DDJCSPP : direction départementale de la jeunesse, de la cohésion sociale et de la protection des populations.
Merci à la Lozère. La qualité de l’accueil de l’équipe de l’Usep Lozère (de son président Brice Bernabeu à sa déléguée Stéphanie Julien en passant par tous les bénévoles) a été unanimement saluée. On retiendra aussi, en ouverture de l’AG, les interventions souvent très pugnaces du président départemental de la Ligue de l’enseignement Alain Pantel, de la présidente du conseil départemental Sophie Pantel, du maire de Mende Laurent Suau, du sénateur Alain Bertrand et de la présidente de la MGEN 48. Un hommage a par ailleurs été rendu en début d'AG à Michel Ogier (ancien délégué puis président de l'Usep du Rhône et élu national, décédé en juillet dernier), en présence de son épouse Clotilde et de sa fille Ludivine.
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