Usep en jeu - 7 : Février 2017

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photo cross Usep 56 en 2009 Cross Usep, Morbihan, 2009 : en quarante ans, nos collégiens auraient perdu près d’un quart de leur capacité cardiorespiratoire. (Usep Morbihan).
Dossier page 1 photo 2 Arrivée d’un cross Usep à Paris. (Philippe Brenot / Archives En Jeu)
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Sédentarité : la cote d’alerte est atteinte

Performances en déclin, santé en péril

En 40 ans, nos collégiens ont perdu un quart de leur capacité physique, alerte un récent rapport parlementaire sur le sport à l’école. D’où vient ce chiffre ? Et qu’en déduire pour la santé des adultes de demain ?

Nos enfants ont le souffle de plus en plus court. C’est le constat dressé par la Fédération française de cardiologie qui, en février dernier, s’inquiétait des conséquences de la sédentarité chez les 9-16 ans lors du lancement des Parcours du cœur scolaire. Un constat relayé depuis par les députés Pascal Deguilhem et Régis Juanico dans leur rapport sur la pratique physique et sportive dans et autour de l’école.

Ce rapport citait notamment le Pr François Carré, cardiologue au CHRU de Rennes : « En 40 ans, nos collégiens ont perdu environ 25% de leur capacité physique, c’est-à-dire qu’ils courent moins vite et moins longtemps. En 1971, un enfant courait 800 mètres en trois minutes, en 2011 pour cette même distance, il lui en fallait quatre. » Et le praticien d’enfoncer le clou : « Quand on sait que l’endurance est l’un des meilleurs marqueurs d’une bonne santé cardiorespiratoire, il est temps de recommencer à bouger ! » (1)


Une analyse sur 25 millions de jeunes


Ce chiffre a en effet de quoi interpeler. Mais d’où vient-il ? « Il fait référence à une étude internationale rendue publique en novembre 2013 lors d’un congrès scientifique à Dallas (États-Unis) par le chercheur australien Grant Tomkinson, précise le Pr Carré. Grant Tomkinson s’est notamment appuyé sur des tests navette, bien connus des enseignants, qui permettent de calculer la capacité cardiovasculaire des enfants et des jeunes à partir d’un enchaînement de courses fractionnées, et donc de mesurer précisément la VO2max, ou consommation maximale d’oxygène. »

L’article du Figaro paru à l’époque – et qui cite à la fois le chercheur de l’université d’Australie-Méridionale et le cardiologue du sport rennais – précise que Grant Tomkinson a analysé pas moins de 50 études. Menées entre 1964 et 2010, elles évaluaient l’endurance de 25 millions de jeunes âgés de 9 à 17 ans dans 28 pays, riches pour la plupart. Cette analyse comparée de leur condition physique reposait sur deux critères : la distance qu’ils étaient capables de parcourir en un temps donné (entre 5 et 15 minutes), et le temps nécessaire pour parcourir une distance donnée (un demi à un mile, soit 800 m à 1,6 km).

Principaux coupables pointés par le chercheur australien : la moindre pratique d’une activité physique « prolongée et vigoureuse » et l’augmentation du poids des enfants. « De 30 à 60% de la perte d’endurance à la course peut être expliquée par l’augmentation de la masse graisseuse » confiait-il alors au Figaro. Or « la capacité cardio-respiratoire est le meilleur marqueur d’espérance de vie en bonne santé », insiste le Pr François Carré.


Un constat à nuancer


Il convient malgré tout d’apporter un bémol à la légitime inquiétude suscitée par ces données : la situation apparaît moins mauvaise en France que dans d’autres pays. « Nos données françaises, qui portent sur plus de 7000 enfants dont les performances ont été mesurées entre 1987 et 2000, montrent que leurs capacités ont diminué d’environ 2% par décennie » précisait Grant Tomkinson. Ce qui est sensiblement moins que la baisse moyenne observée, de l’ordre de 5%.

Toutefois, ce qui autorise le Pr Carré à tirer l’alarme est que la réalité statistique de la moyenne des pays les plus développés, notamment anglo-saxons, annonce généralement celle d’un futur hexagonal plus ou moins immédiat.

De manière empirique, et à moindre échelle, François Carré en a lui-même déjà constaté les effets lors de tests d’efforts effectués à plusieurs années de distance par ses étudiants en médecine : « Les professeurs d’EPS avec lesquels il m’a été donné l’occasion d’échanger à l’occasion de conférences publiques m’ont confirmé cette tendance très nette. Ils m’ont aussi rapporté que le barème des notes de l’épreuve d’endurance au baccalauréat avait été revu à la baisse afin de prendre en compte cet état de fait. »

Cela est moins vrai pour le sprint : « Des études menées en Belgique et dans les pays d’Europe du Nord indiquent que les enfants n’ont guère perdu de leurs capacités physiques pour tout ce qui est explosif. »


Faire passer le message aux enfants


Il est donc encore temps de se ressaisir, et de rendre leur souffle à nos enfants. Encore faut-il pour cela prendre à bras le corps la question de la sédentarité, et changer sans tarder nos habitudes : réapprendre à nos enfants à monter l’escalier plutôt que de prendre systématiquement l’ascenseur, les laisser aller à l’école à pied ou à vélo au lieu de les y conduire en voiture…

Et aussi, souligne le Pr Carré, « leur expliquer dès l’école que ne pas bouger hypothèque le capital santé qui leur sera si utile à l’âge adulte ».


Philippe Brenot


(1) Cette citation a été très légèrement retouchée par le Pr Carré par rapport à celle figurant dans le rapport de Pascal Deguilhem et Régis Juanico, dont l’intitulé exact est : « Promouvoir l’activité physique et sportive pour tous et tout au long de la vie : des enjeux partagés dans et hors de l’école ».

lire l'interview des auteurs du rapport dans Usep En Jeu d'octobre 2016

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