Christophe Cabot, pourquoi l’académie de Versailles a-t-elle été, dès 2012, la première à se doter d’un plan académique de développement du sport scolaire ?
Cela tient avant tout à la volonté d’un IA-IPR (1) en EPS. Car si la circulaire du 18 août 2008 sur le sport scolaire demande à chaque académie de concevoir un plan de développement du sport scolaire, peu l’ont fait. Et plus rares encore sont les plans qui ont intégré à part égale l’Usep et UNSS. Jean-Luc Mourier, cet IA-IPR, était convaincu que le développement du sport scolaire dans le second degré passait par son développement dans le premier degré. Il croyait beaucoup à cette passerelle. Peut-être avait-il anticipé le nouveau cycle 3…
Ce plan, qui se fixait 2015 pour horizon, se présente comme un « avenant » au projet académique…
Cela traduit la volonté du groupe de travail chargé de la rédaction de ce plan de l’adosser au projet académique. C’est pourquoi il reprenait les quatre axes qui structuraient le projet académique, en précisant ensuite pour chaque point les objectifs visés et la méthode pour les atteindre (2). C’était à nos yeux la meilleure façon que le plan soit assumé par le recteur et les Dasen.
Comment ce groupe de travail était-il composé ?
Il réunissait une bonne trentaine de personnes. Pour le second degré : des IA-IPR en EPS, les représentants départementaux et régional de l’UNSS, des professeurs d’EPS et des proviseurs de lycée. Pour le premier degré : les représentants des comités départementaux Usep, les IEN pilotes de l’EPS dans leur département, des directeurs d’école et quelques CPD EPS. Tous se retrouvaient en plénière et se répartissaient aussi dans des commissions de travail où premier et second degré étaient associés.
Le texte témoigne d’une connaissance très fine de l’Usep…
Cela fut l’objet des premières réunions : s’approprier la culture des uns et des autres. Que l’UNSS découvre le fonctionnement de l’Usep et réciproquement. Le mode de fonctionnement de l’Usep, basé sur le bénévolat, apparaissait « anormal » aux représentants de l’UNSS, au regard du cadre légal des trois heures hebdomadaires dont tout professeur d’EPS bénéficie pour animer l’AS en collège. Autre grande surprise pour eux : le fonctionnement associatif de l’Usep, avec une participation effective des enfants. De notre côté, nous avons découvert l’organisation territoriale de l’UNSS en districts, un échelon qui réunit un grand nombre de collèges. Le rôle de coordinateur de district est déterminant et se rapproche de ce qui existe dans certains comités Usep au niveau des secteurs, mais en beaucoup plus structuré.
Quel écho ce plan de développement a-t-il rencontré ?
Son grand mérite est d’exister et d’identifier l’Usep comme partenaire à part entière du sport scolaire et interlocuteur légitime des IA-IPR en EPS. À ce titre, dans l’Essonne, le plan académique a été un vrai levier de développement : accompagnés de Jean-Luc Mourier, nous sommes allés le présenter en conseil d’IEN, instance qui réunit tous les inspecteurs de l’Éducation nationale. Ce qui a pesé, c’est que le plan était porté par le recteur.
Mais, au-delà, quel a été son impact ?
Il est difficile à estimer. Après la parution du plan, notre groupe de travail s’est transformé en observatoire, mais honnêtement nous n’avons pas observé grand-chose. Dans un premier temps en tout cas. Car dans l’Essonne nous mettons aujourd’hui en place, avec l’IA adjointe chargée de l’EPS et le directeur de l’UNSS, des actions communes sur le sport pour tous et le sport sans violence. Nous construisons aussi un appel d’offre pour recenser les actions Usep-UNSS au niveau du cycle 3, afin de les accompagner, y compris financièrement. Cela devient concret et dépasse les promesses de s’inviter sur des rencontres, d’organiser des cross communs ou de solliciter de jeunes officiels UNSS pour arbitrer nos rencontres de sports collectifs. Enfin, les conventions avec nos partenaires sportifs sont désormais communes.
Dans les objectifs qu’il se donne, ce plan académique ressemble parfois à un plan de développement Usep : formation initiale et continue des enseignants, aide à la création d’AS, valorisation de l’engagement des personnels… Parmi ces points, lesquels vous tiennent le plus à cœur ?
Pour moi, il y a deux enjeux majeurs. Le premier est la prise en compte du projet Usep dans chaque projet d’école : c’est là une bataille qu’il faut gagner, car si tout projet UNSS s’inscrit dans le projet d’établissement, ce n’est pas le cas dans le premier degré. Et le deuxième enjeu, c’est la reconnaissance de l’engagement des personnels en valorisant l’engagement usépien, financièrement et dans l’évolution de carrière (3). Dans l’Essonne, ceux qui font du hors temps scolaire avec l’Usep ont par exemple droit à des indemnités péri-éducatives. Mais les compétences acquises doivent aussi être prises en considération dans l’inspection de l’enseignant. Car c’est bien une compétence particulière que d’être animateur Usep ou responsable de son association.
Propos recueillis par Philippe Brenot
(1) IA-IPR : Inspecteur d’académie-Inspecteur pédagogique régional. IEN : Inspecteur de l’Éducation nationale. CPD : Conseiller pédagogique départemental. Dasen : Directeur académique des services de l’Éducation nationale (un par département). DSDEN : Direction des services de l’Éducation nationale (échelon départemental également).
(2) Le nouveau projet académique ne comptant plus que trois axes, le plan de développement du sport scolaire a été modifié en conséquence.
(3) « Valoriser le rôle des animateurs du sport scolaire, des coordinateurs des secteurs Usep et districts UNSS » et « Valoriser l’engagement des personnels et favoriser les parcours de carrière » sont deux objectifs clairement identifiés.
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