Une seule salle, divisée en deux par d’immenses écrans télé installés dos à dos. Aux murs, huit panneaux illustrés de photos noir et blanc s’efforçant de résumer en huit verbes d’action « les dimensions sociales et éducatives liées au sport » : performer, moraliser, socialiser, distinguer, endurcir, conquérir, médicaliser, équiper. Ceci sans établir de hiérarchie entre ces différentes fonctions, et en laissant le visiteur libre d’aller d’un panneau à l’autre à sa guise.
De la natation à l’athlétisme
C’est pourquoi il est fort probable que son œil sera d’abord attiré par la vitrine où trônent une coupe prêtée par le Musée national du sport de Nice (le sport c’est la compétition), un spiromètre (le sport c’est la santé) et la splendide maquette d’une piscine tournesol (emblématique des années 1970 et de la priorité donnée alors à l’apprentissage de la natation). Une natation scolaire à laquelle les commissaires d’exposition font d’ailleurs la part belle, tant dans le choix de photos – avec les images de portiques – que dans le montage vidéo compilant une douzaine de situations pédagogiques, de 1930 à 2016.
Impossible également de passer à côté de la superbe gravure en couleurs de grand format à la gloire des différentes discipline de l’athlétisme (sprint, fond, sauts, lancers), éditée en 1965 par la Maison des instituteurs avec la légende suivante : « La reconnaissance d’un sport de base : les activités athlétiques de compétition supplantent les autres sports ». Ceux-ci (football, tennis…) étant en effet relégués à l’arrière-plan.
L’Usep mise sous verre
C’est aussi une activité athlétique qui, juste en dessous, fait la couverture de la revue Ufolep Informations d’octobre-novembre 1965 – alors commune à l’Usep. Dans la même vitrine, on peut admirer la licence Usep de Roland Valedorge, instituteur à Saint-Lubin-des-Joncherets (Eure-et-Loir), dûment munie de ses trois timbres pour les saisons 1947-48, 1948-49 et 1949-50.
Elle y côtoie un exemplaire du Brevet sportif populaire créé en 1937 par Léo Lagrange et Jean Zay et la fameuse table de cotation des performances athlétiques de Jean Letessier. Parue en 1957, celle-ci devint aussitôt un instrument indispensable pour les épreuves d’éducation physique aux examens scolaires.
Plus loin, les lendits Usep sont à l’honneur, avec un exemplaire de la leçon des grands, années 1967, et son document explicatif.
Montages vidéo
L’Usep est également présente dans les montages vidéo nourris d’archives de l’Ina et du réseau Canopé : d’une durée de près d’une demi-heure chacun, ils sont le « plus » de cette exposition et méritent qu’on s’y attarde.
Parmi les situations pédagogiques, à côté d’un reportage de 1970 sur l’école de Vanves (pionnière du tiers temps pédagogique) ou de sujets plus récents sur l’utilisation des tablettes tactiles et l’introduction de la danse hip hop en EPS au collège, le handicap est ainsi abordé à travers la rencontre Usep-UNSS organisée en 2016 au Creps de Bourges. Et, parmi les témoignages d’acteurs, un reportage de France 2 centré sur l’enseignement primaire donne la parole à des enseignantes et au délégué Usep de Haute-Garonne – seulement identifiable par ceux qui le connaissent personnellement en l’absence d’incrustations.
Le titre du reportage : « Le sport, parent pauvre de l’Éducation nationale ? ». De quoi lancer ou relancer le débat… Ph.B.
Le sport, histoire(s) d’être(s) ensemble, 1936-2016. Exposition gratuite, jusqu’au 21 mai. Lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 13 h 30 à 18 h 15. Samedi, dimanche et jours fériés de 10 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h 15. Le musée propose aussi un espace numérique, des ateliers pédagogiques et animations jeune public, des visites guidées pour adultes.Maison des Quatre-Fils-d’Aymon, 185, rue Eau-de-Robec, 76000 Rouen (02 35 07 66 61)
Visiter l’expo à distance. Cliquer ici pour effectuer un parcours numérique en 45 minutes
Table ronde le 16 mars. Une table ronde intitulée « le sport et ses espaces » et portant sur l’éducation par le sport dans le cadre scolaire et extrascolaire est organisée jeudi 16 mars de 15 h à 18 h au Centre de ressources (6, rue de Bihorel, tél : 02 32 08 71 00).