Depuis plusieurs années, l’Office franco-allemand pour la jeunesse (Ofaj) offre une aide financière pour des séjours organisés de part et d’autre des frontières. Ceci dans le cadre de partenariats tels que celui qui réunit depuis de longues années l’Usep et la Thüringen Sportjugend.
Alors, quand l’information sur ce dispositif a été diffusée dans le Pas-de-Calais, l’inspecteur de l’Éducation nationale de sa circonscription a aussitôt pensé à Elisabeth Geisen. Comme son patronyme le laisse entendre, cette directrice d’école et animatrice Usep est de langue maternelle allemande : cela aide. Et c’est ainsi que ses CM2 de l’école du Parc, à Hinges, près de Béthune, se sont retrouvés embarqués deux années de suite dans une aventure qui les a menés jusque dans la lointaine province de Thuringe, à 850 km de chez eux…
Dépasser la barrière de la langue
Le premier échange s’est déroulé en mars et juillet 2016, en France puis en Allemagne, avec à chaque fois six journées sur place. L’expérience a ensuite été renouvelée l’an passé, à des dates différentes. Cette fois, les petits Hingeois ont découvert les rigueurs du climat allemand, sous la neige, prétexte à l’organisation d’olympiades d’hiver et des parties de luge. Ceci avant de recevoir leurs camarades au centre de vacances de Merlimont, fin juin, en bord de mer. Parmi les activités au programme, du char à voile sur les plages de la mer du nord...
Dans un échange impliquant de jeunes enfants, la grande question est évidemment : comment dépasser la barrière de la langue ?
Pour ce qui est des premiers rudiments, à Hinges la solution était toute trouvée : « Dans le cadre des temps d’activités périscolaires (Tap), je propose une initiation à l’allemand à laquelle ont participé la plupart de mes élèves, explique Elisabeth Geisen. Et mon inspecteur autorise aussi de petits rituels en allemand durant la classe, à côté des temps d’apprentissage de l’anglais. »
Ensuite, pendant les séjours, les documents pédagogiques distribués lors des activités sportives et des rallyes-découverte et autres activités culturelles sont bilingues. Elisatbeth Geisen utilise aussi avec son binôme d’outre-Rhin un classeur de l’Ofaj qui compile des jeux d’animation linguistique : « À travers ces jeux, deux fois par jour et en petit groupe, les enfants sont invités à dire ce qu’ils aiment, quel sport ils pratiquent. »
Enfin, les activités sportives facilitent l’échange, que ce soit en français, en allemand, voire par défaut en anglais. « L’essentiel, c’est de communiquer » résume Elisabeth Geisen.
Des enfants « transformés »
De retour d’Allemagne, l’enseignante a utilisé le séjour pour participer avec ses élèves à un concours organisé par la direction académique du Pas-de-Calais, en obtenant que le thème initial, « Let’s travel ! », puisse se décliner en « Geh’ Mal Reisen ! » : « Allons, voyageons ! ». Le résultat, c’est une chanson interprétée par la classe en allemand et égrenant le nom et les capitales de douze pays différents, prétexte à travailler la géographie…
Au-delà, ces échanges transforment les enfants, les rendent plus matures, plus autonomes. « Au début, ils ont un peu de mal à aller vers leurs camarades allemands, puis très vite ils se rendent compte ils sont comme eux… Les parents le disent eux-mêmes quand ils retrouvent leurs enfants : ″Ils ont grandi, on voit la différence″. » D’autant que pour nombre d’entre eux, c’est la première fois qu’ils s’éloignent ainsi du domicile familial. Et dans un pays étranger, et si loin…
« Se responsabiliser, partager, accepter l’autre… C’est aussi ça l’enjeu de ces séjours, souligne Elisabeth Geisen. Et c’est pourquoi, en dépit de l’investissement que cela représente en temps et en énergie, les dates des séjours sont déjà calées pour l’an prochain ! »
Philippe Brenot
*Allons, voyageons !
Les axes de la démarche pédagogique