Marie-Amélie Le Fur, vous avez participé en 2008 à la première édition de l’opération « Paralympiques, Prêts, Partez ! » avec des CM1-CM2 de l’école de Puiseaux (Loiret). Que pensez-vous d’une telle initiative ?
Personnellement, le contact avec les enfants et les jeunes m’a toujours plu, et si les périodes de préparation et de compétition exigent beaucoup de concentration, nous restons quand même suffisamment disponibles pour répondre à des courriels. Cela ne nous coûte pas grand-chose, et c’est agréable de retrouver sur notre boîte e-mail les témoignages et les encouragements des enfants. Et aussi leurs mots de réconfort, dans les moments un peu difficiles qu’un athlète peut aussi traverser.
De quoi discutiez-vous avec eux ?
Avant tout du quotidien d’un athlète qui se prépare pour un grand championnat : notre emploi du temps, si on pense gagner… Les questions de fond sont plutôt réservées aux rencontres en vis-à-vis.
Vous avez ensuite rencontré la classe…
Après quelques échanges plus espacés, je me suis rendue dans leur école le mois de juin suivant, pour répondre à leurs questions puis leur proposer un petit échauffement sportif. Un temps d’échange, suivi d’un temps de pratique en commun, c’est l’idéal pour ce type de rencontre. Les enfants peuvent nous poser toutes les questions qu’ils souhaitent sur le handicap et la vie d’un sportif de haut niveau. Puis on les met en situation, en s’amusant avec eux. On se détache alors de la notion de handicap pour montrer que le sport, handisport ou valide, c’est la même chose : les mêmes valeurs, les mêmes personnes, le même plaisir.
Savez-vous en quoi ces échanges et ces rencontres ont pu faire évoluer les représentations des enfants à l’égard du handicap ?
Il est difficile pour moi de le mesurer, car mes interventions ont un caractère ponctuel, et les enfants « débriefent » plutôt avec leur enseignante. Mais, récemment, le principal d’un collège m’a glissé qu’un ancien élève, à présent lycéen, lui avait confié que ce qui l’avait le plus marqué l’année précédente, c’était quand j’étais venue témoigner du handicap… Et, début mai, lors d’une grande journée de sensibilisation auprès des écoles que j’ai organisée en Loir-et-Cher, pour la première fois un enfant a osé s’exprimer sur son handicap devant ses camarades. Or c’est bien le sens de ces interventions : arriver à dédramatiser le handicap, faire en sorte que les enfants en aient moins peur, et en parlent plus facilement. Le comité Usep du Loir-et-Cher m’a d’ailleurs apporté son concours pour cette grande matinée de pratique handi-valide, suivie de débats l’après-midi. Tout comme je me suis aussi rendue sur leurs manifestations, car nous sommes en contact régulier.
Pour finir, à 28 ans, vous vous apprêtez à participer à vos troisièmes Jeux paralympiques. Quelles sont vos ambitions et votre calendrier de préparation ?
Je participe du 10 au 16 juin aux championnats d’Europe handisport à Grosseto, en Italie. Puis les stages de préparation se succèderont, jusqu’au départ pour Rio le 1er septembre. Dans ma catégorie T44 (amputés des membres inférieurs) je m’engagerai dans quatre épreuves : le 100 m, le 200 m, le 400 m et le saut en longueur, en ciblant plus particulièrement les deux dernières. Et mon objectif est de repartir avec une médaille d’or.