Expérience et matériel. « Il y a douze ans, j’avais suivi le Vendée Globe avec ma classe, lorsque j’enseignais en Savoie. Puis, il y a huit ans, à Beynat cette fois, j’ai renouvelé l’expérience, en engageant aussi un bateau dans la course virtuelle. Mais j’étais seul à la barre : nous ne disposions pas des moyens techniques pour vivre la course en classe. Or c’est aujourd’hui le cas : nous sommes dotés d’un tableau interactif et d’une valise de tablettes numériques. »
Souvenirs et émulation. « J’avais le projet d’organiser cette année une classe de mer, et la course virtuelle m’a semblé un complément intéressant. Mais ce qui m’a vraiment décidé, c’est ce que m’avait confié une ancienne élève, passée nous voir à l’école : ″Ah, monsieur, c’était si bien quand on avait suivi le Vendée Globe…″ Elle en avait gardé un souvenir très fort. Aussi, quand j’ai entendu parler de cette course réservée aux classes de primaire lors des réunions Usep de début d’année, j’ai encore moins hésité. L’idée de participer avec d’autres classes, de suivre leur classement, était encore plus stimulant. »
Voyage et mathématiques appliquées. « Notre thème de l’année est le voyage : un planisphère est accroché au mur, nous avons appris des chansons de différents pays, nous travaillons sur la version BD du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne… La voile permet aussi de travailler les maths : les distances, les vents… Nous avons également utilisé le dossier pédagogique proposé par Initiative Cœur, le sponsor de Tanguy de la Motte, qui malheureusement a rapidement dû abandonner… »
Quarts du matin, parfois du soir. « Chaque matin, nous prenions un bon quart d’heure pour faire le point sur notre position et celle de nos concurrents, et des capitaines désignés à tour de rôle décidaient du cap à suivre après avoir recueilli l’avis de la classe. Quelquefois, nous refaisions un point en fin d’après-midi s’il y avait eu une bascule de vent. Il n’y a que le week-end que je prenais la direction des opérations : je ne voulais pas que cela soit trop prenant pour les élèves, ni que ceux qui n’ont pas Internet à la maison se sentent pénalisés. »
Navigation virtuelle et aventure vraie. « Au départ, les Armel Le Cléach et Alex Thomson étaient très en avance sur nous. Puis nous sommes revenus sur eux, pour rallier l’arrivée ensemble. Pour autant, les enfants faisaient bien la différence entre les deux courses, la vraie et la virtuelle. En revanche, en entendre parler à la radio, à la télé, cela les intéressait. Mais, avant toute chose, la course au large est pour eux une ouverture sur un autre univers : ici, sur les contreforts du massif central, aucun enfant ne fait de voile ; l’été, ils vont un peu à la plage, mais c’est tout. C’était donc comme une aventure à laquelle notre classe de mer, mi-mars à l’île d’Oléron, apportera un point final. »
Propos recueillis par Philippe Brenot