Attendu pour la rentrée 2016, l’ouvrage n’est pas encore finalisé. Mais sa réalisation est suffisamment avancée pour que l’on puisse mettre en avant la démarche qu’il traduit. Loin de juste compiler des situations et de proposer un modèle de rencontre sportive, il insiste sur les enjeux éducatifs de l’activité. Il envisage aussi la pétanque à travers quatre environnements différents : l’éducation physique et sportive au sein de l’école ; le sport scolaire Usep et UNSS ; les collectivités territoriales dans le cadre des activités périscolaires ; et enfin, les clubs.
En cela, cet outil se distingue de ceux généralement réalisés en partenariat avec des fédérations sportives, qui se veulent avant tout des « guides pratiques » permettant de préparer ou d'organiser une rencontre.
Je lance donc je suis
Le premier grand chapitre entend proposer « une autre idée de la pétanque » et donne le ton en affirmant, du point de vue du joueur : « Je lance donc je suis. » Une façon d’insister sur « l’intelligence de jeu », « incontournable » dans l’enseignement de l’activité. « Enseigner la pétanque ne doit pas se réduire à enseigner des techniques, comme faire un carreau ou pointer en portée. Cela consiste plutôt à faire construire par le joueur des connaissances plus générales. » Par exemple, « le carreau au tir est une action qui contient à la fois l’attaque et la défense, c’est-à-dire ajouter un point tout en ôtant celui de l’adversaire ». Tout comme le point en portée est « une réponse technique particulière à un problème d’adaptation au terrain, à l’emplacement des boules au sol et à l’intention poursuivie ».
Plutôt inattendue est aussi la définition du jeu proposée plus loin. Certes, on peut doctement présenter la pétanque comme « un affrontement contraire, successif ou alterné, sans égalité possible, entre des joueurs organisés, intelligents et adroits ». Mais, de façon imagée, on peut aussi l’assimiler à « la conquête simultanée d’un château par deux assaillants ». En effet, ne convient-il pas d’être le premier à conquérir la place, tout en s’efforçant de détruire les réalisations de l’adversaire ?
Choc des cultures
Les auteurs insistent également sur le « choc des cultures » entre passion sportive et excellence éducative qu’incarne la discipline, inventée en 1907 à La Ciotat par Jules Lenoir : « La pétanque est une activité populaire, oui, mais elle est plus riche que les clichés qui l’accompagnent. » Toutefois, si pour certains « la pétanque progresse en devenant sportive et internationale », pour d’autres elle « régresse quand elle perd la volupté et les extravagances de ses images pagnolesques ».
Côté enjeux éducatifs, la pétanque mobilise cette action élémentaire, accessible à tous, qu’est le lancer. Elle souligne en outre les liens entre réflexion, décision et action, tout en offrant l’avantage de dissocier ces trois notions dans le temps et l’espace. Elle contribue enfin à l’éducation globale du joueur en favorisant le développement de compétences psychosociales.
Contenu pratique
Il serait prématuré de présenter ici en détail l’ensemble de l’ouvrage. Il convient néanmoins de savoir que le deuxième chapitre interroge la relation « enseigner-apprendre ». Le troisième propose des modélisations pour comprendre l’activité et le jeu. Le quatrième analyse quatre institutions et domaines de pratique (EPS à l’école, sport scolaire, activités périscolaires, club) dans la perspective d’un « parcours éducatif cohérent ». Enfin, le cinquième et dernier chapitre propose un répertoire de situations pédagogiques : ateliers, tâches, jeux. Des contenus pratiques pour mettre en place l’activité ou une rencontre, mais après avoir longuement insisté sur la démarche pédagogique dont ils procèdent. Ph.B.
Une rencontre pétanque Compétences psychosociales La méthode des cinq questions